Six des sept ouvriers retraités de la base de l’Ile-Longue, à Brest (Finistère), le 6 octobre 2021.
Les irradiés de l’Ile-Longue face à l’indifférence de l’Etat
Par Manon Boquen
Jusqu’en 1996, des ouvriers ont manipulé des têtes nucléaires sur les missiles de la base sous-marine de Brest sans protection contre la radioactivité. Aujourd’hui, un collectif de retraités lutte pour que les morts précoces de leurs collègues et les cancers en série qui les affectent soient qualifiés en maladies professionnelles. Et que l’armée reconnaisse sa « faute inexcusable ».
Les ateliers des Capucins sentent encore le neuf. Surplombant La Penfeld, dans le centre-ville, les anciens bâtiments de l’arsenal de Brest transformés en centre culturel prennent le soleil. Dans leur vie d’avant, ils abritaient des activités du port militaire. C’est ici que se sont donné rendez-vous des ouvriers retraités de la base sous-marine de l’Ile-Longue, fleuron de la marine française. Presqu’île située en face de la cité du Ponant, dans la rade brestoise, elle dissimule depuis les années 1970 la base opérationnelle des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE).
« On était à quelques centimètres des têtes, on prenait notre temps, comme si de rien n’était. On nous disait qu’il n’y avait aucun risque, que c’était comme du bois. On était naïfs. Moi, j’ai l’impression qu’on a violé mon intégrité. » Gilbert, ancien pyrotechnicien
Ce jour d’octobre, ils sont sept à se retrouver. Certains ne se sont pas croisés depuis longtemps et semblent heureux de se revoir. Leur âge oscille entre 60 et 77 ans, des sourcils bruns et des sourcils blancs, des regards douloureux et d’autres plus noirs, des hommes menus et de grands gaillards. Quelques-uns ont turbiné aux Capucins, il fut un temps. « C’était sale à l’époque », commente Pierre-Jean (les personnes interrogées n’ont pas souhaité donner leur nom), le benjamin de la bande.
Les membres du Collectif des irradiés de l’Ile-Longue sont venus exhumer un autre passé : celui de leur atelier de pyrotechnie, où pendant plus de vingt ans, ils ont travaillé sans protection (si ce n’est un casque et un bleu de travail), au plus près des rayonnements des têtes nucléaires qu’ils entretenaient pour les sous-marins de l’armée française.
Les membres du Collectif des irradiés de l’Ile-Longue sont venus exhumer un autre passé : celui de leur atelier de pyrotechnie, où pendant plus de vingt ans, ils ont travaillé sans protection (si ce n’est un casque et un bleu de travail), au plus près des rayonnements des têtes nucléaires qu’ils entretenaient pour les sous-marins de l’armée française.
Arrivées de Bourgogne en pièces détachées, les ogives étaient assemblées par l’antenne du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de l’Ile-Longue, où les militaires disposaient d’une protection et d’un dosimètre pour mesurer les radiations. Avant que les têtes soient montées sur des missiles et installées dans les sous-marins, elles passaient chez les civils de la pyrotechnie qui avaient pour mission de les stocker et de les entretenir. Mais, pour eux, aucune mesure de protection ni équipement. Rien du tout.
« Un parcours du combattant »
Discret, le visage calme, Jean-Yves était l’un d’eux. De 1987 à 2012, il a travaillé, d’abord comme mouleur matières plastiques, puis comme conducteur de véhicules. « Il y a quelques années, on m’a diagnostiqué un cancer du poumon. Et, en 2017, un cancer du larynx », décrit le sexagénaire. Exposé aux solvants, à l’amiante, à la fibre de verre et aux rayonnements ionisants, il veut, depuis, faire reconnaître la seconde affection comme maladie professionnelle.
Il vous reste 70.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
شعب إيل لونج المشعّ في مواجهة لامبالاة الدولة
بقلم مانون بوكوين
حتى عام 1996 ، كان العمال يتلاعبون بالرؤوس الحربية النووية على الصواريخ في قاعدة الغواصات في بريست دون حماية من النشاط الإشعاعي. واليوم تقاتل مجموعة من المتقاعدين حتى تصنف الوفيات المبكرة لزملائهم والسرطانات المتسلسلة التي تصيبهم على أنها أمراض مهنية. وأن يعترف الجيش "بخطئه الذي لا يغتفر".
لا تزال ورش العمل Capuchin تفوح منها رائحة جديدة. تطل على La Penfeld ، في وسط المدينة ، تحولت المباني القديمة لترسانة Brest إلى مركز ثقافي تمتص أشعة الشمس. في حياتهم السابقة ، قاموا بإيواء أنشطة الموانئ العسكرية. هذا هو المكان الذي التقى فيه العمال المتقاعدون من قاعدة الغواصات Ile-Longue ، الرائدة في البحرية الفرنسية. شبه جزيرة تقع مقابل مدينة بونانت ، في ميناء بريست ، منذ سبعينيات القرن الماضي ، أخفت القاعدة التشغيلية لغواصات الصواريخ النووية (SNLE).
"كنا على بعد بوصات قليلة من الرؤوس ، وأخذنا وقتنا ، كما لو لم يحدث شيء. قيل لنا أنه لا يوجد خطر ، إنه مثل الخشب. كنا ساذجين. أشعر أن نزاهتي قد انتهكت. »جيلبرت ، فني ألعاب نارية سابق
في هذا اليوم من شهر أكتوبر ، سنلتقي في السابعة. لم يتقاطع البعض مع المسارات لفترة طويلة ويبدو أنهم سعداء برؤية بعضهم البعض مرة أخرى. تتراوح أعمارهم بين 60 و 77 عامًا ، مع حواجب بنية وحواجب بيضاء ، ومظهر مؤلم وآخرون أكثر قتامة ، ورجال رشيقين وزملاء طويل القامة. بعض التوربينات في Capuchins ، كان هناك وقت. يعلق بيير جين (رفض المشاركون الكشف عن أسمائهم) ، أصغر أفراد العصابة: "كانت قذرة في ذلك الوقت".
جاء أعضاء مجموعة Ile-Longue المشعّة ليكتشفوا ماضٍ آخر: كان ورشة الألعاب النارية الخاصة بهم ، حيث عملوا لأكثر من عشرين عامًا بدون حماية (باستثناء خوذة وعمل) ، في أقرب وقت ممكن من إشعاع الرؤوس الحربية النووية التي احتفظوا بها لغواصات الجيش الفرنسي.
جاء أعضاء مجموعة Ile-Longue المشعّة ليكتشفوا ماضٍ آخر: كان ورشة الألعاب النارية الخاصة بهم ، حيث عملوا لأكثر من عشرين عامًا بدون حماية (باستثناء خوذة وعمل) ، في أقرب وقت ممكن من إشعاع الرؤوس الحربية النووية التي احتفظوا بها لغواصات الجيش الفرنسي.
وصلت الرؤوس الحربية من بورجوندي على شكل قطع ، وتم تجميعها من قبل فرع لجنة الطاقة الذرية (CEA) في إيل لونج ، حيث كان للجنود حماية ومقياس جرعات لقياس الإشعاع. قبل تثبيت الرؤوس على الصواريخ وتثبيتها في الغواصات ، انتقلت إلى المدنيين من الألعاب النارية التي كانت مهمتها تخزينها وصيانتها. لكن بالنسبة لهم ، لا توجد تدابير أو معدات وقائية. لا شيئ.
"مسار عقبة"
كان جان إيف واحدًا منهم. من عام 1987 إلى عام 2012 ، عمل في البداية كصانع للبلاستيك ، ثم كسائق للمركبات. "قبل بضع سنوات تم تشخيص إصابتي بسرطان الرئة. وفي عام 2017 ، سرطان الحنجرة "، تصف الفتاة البالغة من العمر ستين عامًا. بعد تعرضه للمذيبات والأسبستوس والألياف الزجاجية والإشعاع المؤين ، سعى منذ ذلك الحين إلى التعرف على المرض الثاني كمرض مهني.
لديك 70.6٪ من هذه المقالة للقراءة. الباقي للمشتركين فقط.
Comments
Post a Comment